« Ne craignez pas ! N’ayez pas peur ! Soyez sans crainte ! »
Bien aimés de Dieu, ce dimanche ne peut – il pas être appelé le « dimanche sans peur ? » Remarquons que cette interpellation à ne pas avoir peur retentit trois bonnes fois dans ce bref texte de huit versets. On se souvient que ce fut le premier message de Jean-Paul II aux chrétiens lorsqu’il fut élu pape et intronisé évêque de Rome. Cet encouragement est aujourd’hui encore plus que nécessaire pour les chrétiens devant ce qu’on peut appeler le déclin de l’Église en certains endroits du monde, qui se manifeste par le recul de la pratique communautaire, la désaffection des jeunes qui méconnaissent souvent la foi chrétienne, la grande difficulté à transmettre l’Évangile, la rareté des vocations de prêtres.
Face à tout cela, le découragement est la tentation chaque jour présente chez les disciples de Jésus. Ils sont tentés de dire à quoi bon me gêner encore pour leur annoncer l’Evangile puisqu’ils n’ont plus la foi ? A quoi bon organiser des séances de formations pour des gens qui ne veulent plus entendre parler de Dieu ? A quoi bon leur proposer l’adoration du Saint Sacrement puisqu’ils n’y croient pas ? Oui, on tombe très vite dans le « à quoi-bonisme ». Mais il y a aussi les difficultés économiques (le chômage), aggravé par cette crise sanitaire qui nous a fait subir son diktat pendant trois mois et qui n’a pas fini de nous imposer ses mesures restrictives. Quelle sorte d’assurance nous proposerait Jésus pour nous protéger de tous ces conflits, de tous ces maux, pour éviter les échecs ? De quoi pouvaient avoir peur les compagnons de Jésus ?
Eh bien, si nous devons rester sans crainte, nous devons cependant avoir une seule peur, celle de perdre définitivement notre âme : « Craignez plutôt celui qui fait périr dans la géhenne l’âme aussi bien que le corps ». Vu les multiples appels à ne pas avoir peur qui traversent de part en part l’Evangile de ce jour, on peut, en effet, très facilement ne pas remarquer cette exception, qui en réalité fait la quintessence du message de ce dimanche.
Le juste, malgré les persécutions, ne doit pas céder à l’envie de tomber dans le mal. Mais pour tenir au milieu des contradictions de ce monde, il doit faire confiance à son Dieu et témoigner du Christ, sans peur. Telle est pour lui, la garantie pour la vie éternelle.
En ce « dimanche sans peur », je vous invite à la peur de perdre votre âme.
Père Bertrand NOUDEHOU